| Le bestiaire des invendus de Dieu (douze animots ratés) les illustrations de jean-Marie Byache sont visibles ici !
La couleur : Fauve. Le ton : Buffonneries acrobatiques L'histoire : Dieu, à la fin de la
Création, fatigue et bâcle un peu. Les derniers
animaux sont complètement ratés et Dieu les cache entre les pages du
dictionnaire dans le chapitre consacré aux mots désignant les figures de style
et de rhétorique. Jean-Marie Byache les grave, Claude Daubercies les décrit en
mots et ça devient "les animots ratés" : 1 - Le zeugma épineux Extrait L'oxymore paradoxal
Dieu fit l’oxymore à son image, confortablement écartelé entre le zéro et l’infini, le RIEN et le TOUT, les ténèbres et la lumière. Et tellement ressemblant que Satan lui-même faillit s’y reconnaître. Installé dans ses contradictions, l’oxymore se déplace peu, tout occupé à ses synthèses comme le ruminant à sa mastication. Sa silhouette s’en ressent dont les graciles protubérances rappellent, à titre prémonitoire, celles du père UBU. Cependant, quand les fantaisies de la rhétorique l’y contraignent, l’oxymore s’affiche discrètement dans les allées du discours comme un vrai travesti arpentant la promenade des Anglais. Il faut dire qu’il a une tête à porter un habit à queue. Alors, ce manchot ambidextre s’en va, dodelinant, sur la banquise des laïus, la calvitie ébouriffée par les vents contraires, sinistrement burlesque comme un notaire frivole déguisé en bayadère. Tel le père UBU descendant la rue de l’Echaudé pour se rendre aux réjouissances du Décervelage. Si on approche l’oreille de la gravure, on entendra peut-être l’oxymore tonitruer, en silence, le célèbre psaume du Décervelage dont une antienne illustre assez bien le caractère oxymorique de la vie : « On part vivant, on
revient tudé » Hegel dont les talents de conciliateur des contraires ont inspiré tant de révolutions serait parvenu, dit-on, à apprivoiser un oxymore rencontré un soir de bringue au milieu d’un troupeau de mammouths nains. Dans le clair-obscur de la forêt de séquoias bonzaïs, il l’avait d’abord pris pour un serpent à plumes. L’oxymore, on s’en doute, est jumeau. Il y a l’oxymore de Venise, oxymore dit « Cus » à cause de son obstination à vivre entre deux eaux. Et il y a l’oxymore des prairies, familièrement appelé oxymore-aux-vaches qui, lui, va frayer dans ces lieux verdoyants et frais où le faussaire avéré se déguise en politicard honnête. Cousin de l’oxyton- de la famille des vers poétiques-, et de l’oxyure- de la famille des vers intestinaux-, l’oxymore se rencontre plutôt en cul de cortège et dans l’opposition .. Comme beaucoup d’hermaphrodites, il est sujet aux crises identitaires pouvant aller jusqu’à la schizophrénie et l’auto-contradiction. Au demeurant, cet animot est sociable. On a vu des oxymores embrasser leur meilleur ennemi ou même, dans un élan de vorace générosité, avaler leur partenaire pour ne faire qu’un avec lui. L’oxymore est le symbole de l’amour fusionnel, de l’harmonie des contraires et de la synthèse enfin réalisée des notions du bien et du mal, du vrai et du faux. Certains croient que l’oxymore est œcuménique voire même marxiste. On peut aussi, avec assurance, le supposer pataphysicien. On voit par là que l’oxymore est un être exceptionnellement normal. Informations Editeur
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