Petit jardin d'humour




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les histoires d'amour de Monsieur Spongexstrate

L'histoire d'Henri Spongexstrate et de Yan Kalpa qui croupissent dans un no man'sland pour marginaux, rebelles et délaissés. Ils se lient d'amitié et prendront un jour la clef des champs d'azur au moyen d'une sorte de montgolfière pour aller passer une nuit d'amour avec Shéhérazade à Samarcande.

Le ton : Humour azur.

Situation :     

   C'est un thriller un peu glauque qui se déroule dans un de ces univers méphitiques et barbares que les grandes villes déposent à leur périphérie.

 


L'histoire :     

   Heureusement, l'amitié de deux rescapés de l'existence, la lumière des histoires d'amour qu'Henri Spongexstrate raconte à son copain, tout cela éclaire le ciel où ils s'envoleront un jour pour rejoindre Shéhérazade, tout au bout de la route de la soie et de la vie.



Extrait

/...

- Tu vois, Henri, je commence à apprécier le genièvre. J’ai peut-être eu tort d’être sobre jusqu’ici . Tort aussi d’être sage, puisque tu dis que je suis sage. Je  le répète, tes histoires d’amour m’ouvrent des horizons. Crois-tu que je puisse encore tomber amoureux à mon âge ?

- Bien sûr ! Il n’y a pas d’âge pour cela. Moi, j’ai commencé tellement tôt que j’ai dû user tout mon capital d’amour. Mais toi ! Rappelle-toi, l’autre soir tu as promis de te fiancer avec Schéhérazade…

- Tu dis que tu as usé tout ton capital d’amour, tu veux dire que tu as aimé souvent ? Après Virginie et après la petite muette, il y en a eu beaucoup d’autres ?

- Beaucoup ? Je ne sais pas. Aimer souvent ? Oui, j’ai aimé souvent. Aimer vraiment ? Non. Je n’ai aimé vraiment que trois fois : Virginie, ma petite madone d’Auschwitz et celle qui a été ma femme : Juliette. Voila vraiment tout.

- Juliette, tu l’as aimée tout de suite après ta libération d’Auschwitz ?

- Non. En avril quarante cinq, à ma sortie, je suis allé à Bruges parce que ma mère y était enterrée. Revenir ici, c’était impossible, trop de mauvais souvenirs… A Bruges j’ai vite trouvé du travail grâce aux anciennes relations de ma famille : un boulot de barman dans un café de la Grand Place : ‘’Le petit porto’’. Je n’ai connu Juliette qu’en mille neuf cent quarante huit. Alors, tu sais, à vingt ans, on ne vit pas que de souvenirs, surtout de souvenirs comme les miens… J’ai connu pas mal de femmes et j’ai dû les aimer un peu aussi. J’ai connu Laure qui me chantait des chansons poétiques quand on faisait du bateau sur les canaux mais qui mangeait l’ail cru comme d’autres sucent des caramels. Je n’ai pas tenu très longtemps. Je me souviens aussi de Mathilde, une noble, qui aimait ma façon de faire l’amour mais me trouvait vulgaire. Je l’ai quittée quand elle m’a proposé un emploi de jardinier chez son père. Il y a eu Béatrice qui voulait qu’on se marie tout de suite et que je reprenne l’élevage de pintades de son papa. Et encore Emma. Elle écrivait un interminable journal intime où elle relatait, dans le détail, tout ce que nous faisions. A chacune de nos rencontres il fallait, d’abord, qu’elle me lise ce qu’elle avait écrit les jours précédents… J’ai même vécu quelques mois avec la fille d’un marchand de tableaux vénitien installé à Bruges. Elle devait s’appeler Desdémone et n’acceptait de faire l’amour que déguisée en princesse ottomane. En plus, elle avait un caractère de chien ; elle aurait fini par m’étouffer. Et puis, un jour, en quarante huit, j’ai rencontré Juliette !

- Elle était belle, bien sûr ?

- Bien sûr ! Et brune aussi, avec des cheveux courts, presque ras.

- Tu n’as pas de photo ?

- Aucune. On m’a tout pris. Mais un jour, je te montrerai le tableau de Jeanne la Folle dont je te parlais l’autre jour. J’en ai une reproduction dans mon gourbi. Je me demande si ce n’est pas toujours Jeanne la Folle que j’ai cherchée à travers les femmes que j’ai aimées…

- Parle-moi encore de Juliette.

- Elle avait un visage de chat et un corps de gamin avec des seins haut placés et un petit cul de toréador. Et ses yeux ! ses yeux !… Elle semblait toujours regarder à travers toi, au-delà de toi… Ailleurs que toi, surtout ! Comme les personnages sur les photos et les tableaux. Il n’était pas facile de la rejoindre, souvent absente et comme fatiguée d’être encore avec toi. Mais quand tu réussissais à l’intéresser, à la faire rire, alors ses yeux se plissaient comme pour retenir la lumière et le plaisir que tu avais allumés en eux. Elle entrouvrait les lèvres et tu lui sentais des envies de mordre la vie. Et elle mordait vraiment ! Elle faisait l’amour comme viennent les vagues, tantôt douces quand elles caressent le sable, tantôt féroces quand elles déferlent. Combien de fois m’a-t-elle laissé sur la plage, exténué de plaisir !… Et quand j’allais mourir, elle ondulait comme une algue, se cambrait et s’étirait en disant ‘’ça y est, je sens que je vais encore m’ennuyer !…’’. Elle avait des jambes… comme les anges ont des ailes : on ne voyait que cela !

Henri se tait, emporté par l’extase. Yan remplit les verres, machinalement, subjugué lui aussi par Juliette :

- Depuis que tu parles de Juliette, tu rajeunis, Henri ! Tu rajeunis à vue d’œil. Et à t’écouter, je vois Juliette comme tu la vois…

- ça, c’est impossible, Yan ! Tu ne peux pas voir Juliette comme je la vois. Quand tu aimes une personne, tu la vois comme aucun autre ne peut la voir. Même elle, elle ne peut pas savoir comment tu la vois. C’est comme si tu la voyais de l’intérieur, à l’intérieur de toi. Une image que tu as en toi et dont l’autre n’est que le reflet. Aujourd’hui le reflet de Juliette a disparu mais, à l’intérieur de moi, son image est intacte.

/...


Informations Editeur

Les histoires d'amours de Monsieur Spongexstrate.

ISBN: 2-9506280-2-8. 132 pages. 12 Euros..

Editions de la Voix du Nord

Distribué par La Voix du Nord, la FNAC, Le Furet du Nord, et chez les distributeurs Auchan et Carrefour.

 



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