Creve Matin





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bientôt

 


Fausse chronique d'un faux changement de millénaire en plein faux moyen-age avec un vrai faux chat et de vrais enfants.

Le ton : Humour noir Destroy.

Situation :     Ca se passe tout juste en 999. Cela raconte l'histoire de 3 enfants qui entreprennent la traversée de la connerie humaine. L'affaire est très risquée car, à l'époque déjà, la connerie humaine était très épaisse. On ne sort pas indemne d'une traversée comme celle-là. Bien sûr, c'est une fable, mais quand même...


Crève-Matin est reparu sous son titre original, , aux éditions du seuil !




Sommaire : 

    Il y a Sylvain qui est l'ami des arbres; Seretta dont on a tous été amoureux à 12 ans et enfin le petit Sirtène, dit Titène, qui nage très bien et très longtemps sous l'eau, ce qui est normal, puisqu ' il a des ouïes à la place des oreilles. Les trois enfants survivent sous les murs de l'Abbaye de Thécelles. Mais ça ne dure pas... Alors ils tentent d'échapper aux emmerdements que sécrètent les individus louches qui grouillent aux abords des cités humaines.

 

   Le chat Turolde les guide jusqu'à la mer où ils embarqueront pour plus loin et pour très longtemps. Plus loin même que le troisième millénaire.




Extrait :

    Ils se retrouvèrent, une bonne dizaine, enchaînés par le cou à la mangeoire des anciennes écuries. Avec Yaïk et Sylvain il y avait deux mendiants spectaculairement scrofuleux, un joueur de syrinx s’exprimant dans une langue étrange, deux jeunes ribaudes, un vieillard aveugle accroché à un garçon apparemment demeuré, une très vétuste naine au visage et aux mains rongés par un eczéma volcanique qui glapissait sans arrêt et enfin un jeune serf de l’âge de Sylvain dont la main droite était coupée, un voleur sans doute. L’angélus du soir sonna. Ils étaient là depuis le matin, sans manger, sans boire, sans voir quiconque et ne pouvant s’asseoir qu’avec difficulté à cause de leur licol. Sylvain s’agitait comme un loup en cage :

Séréta et Titène doivent être en grand tourment ! Il faut qu’on trouve un moyen de les prévenir. Qu’est ce que tu en penses, Yaïk ?
Attends, voilà du monde...

Deux hommes d’armes et un sergent les menèrent enchaînés les uns aux autres jusqu’au cloître de l’abbaye. Frère Ilion, en vigie derrière une colonne du péristyle, leur fit un signe d’encouragement qui voulait dire quelque chose comme " ça va s’arranger ". Tout au bout, dans son fauteuil, le prévôt trônait. A sa droite siégait Dom Evrard Grandes Oreilles, l’abbé du moutier et, à sa gauche, Dom Jean-Baptiste Martincus, son adjoint chargé des travaux d’agrandissement de l’abbaye que Sylvain avait déjà rencontré à plusieurs reprises. Le prévôt faisait la lippe :

Votre seule présence ici est une injure à notre Seigneur Dieu. Beurk ! Que vous êtes sales ! Que vous êtes laids ! Pouah ! Pouah ! Que vous sentez mauvais ! Vous n’êtes pas seulement très très laids et très très bêtes, vous êtes plus nuisibles que les sangliers. Eux au moins on peut les manger. Et pourtant, Notre Bon Maître, le Créateur, vous fit à son image. Brutes putrides, regardez-vous les uns les autres ! Allez, allez regardez-vous et voyez ce que vous avez fait de son œuvre ! Même Sainte Eulalie, notre douce patronne, vierge et martyre, ne peut laver si repoussante saleté. Non, croyez-moi, mes pauvres bougres, seul le feu purificateur peut cautériser vos horribles plaies et nous débarrasser de votre contagieuse lèpre.

Ayant dit, le prévôt vida une coupe de vin que lui tendait un moinillon strabique. Debout, de part et d’autre du prévôt, les yeux baissés, les mains dans les manches de leur coule, les deux Dom dodelinèrent et, pépères, ne pipèrent pas.

On va vous mener par ici, reprit le prévôt, assez près de nous pour qu’on vous entende bien, assez loin pour qu’on ne vous sente pas trop. On vous dira le mal que vous avez fait. Si par hasard vous savez faire quelque chose, travailler le bois ou tailler la pierre, vous nous le direz. Ensuite vous nous réciterez une prière si vous en connaissez une, ânes impies ! Puis Dom Evrard et Dom Martincus donneront l’absolution à ceux qui la méritent. Quant à nous, nous déciderons de votre sort aussitôt après.

Détaché le premier, Sylvain inaugura le piteux défilé. Le sergent énonça le grief : commerce de reliques.

Ah ! Ah ! dit le prévôt.
Oh ! Oh ! dit Dom Evrard Grandes Oreilles. Simonie caractérisée, mauvais fils ! Doublée d’escroquerie car ces reliques sont assurément fausses. Sacrilège et faussaire ! L’absolution n’y peut suffire, seul le bûcher peut te valoir encore la miséricorde du Très-Haut !

Dom Martincus se pencha vers l’oreille de Dom Evrard qui l’avait fort accueillante :

Nous connaissons, mon Très Révérend, ce pauvre garçon. Il travaille pour nous à la porcherie. Frère Ilion m’en a dit le plus grand bien. Son égarement est grave certes, mais, peut être notre miséricorde..., Il est intelligent pour un rustre. Nous pourrions l’amender et puis il peut, à notre service, employer sa robuste constitution au rachat de son âme. Je vais m’entretenir en particulier avec lui pour éclaircir cette affaire de reliques. Je requiers donc l’approbation de l’Honorable prévôt et de Votre Benoîte Grandeur…

Après une très brève concertation l’honorable et le benoît approuvèrent.

Le vieil aveugle et son guide ravi ainsi que les deux pustuleux, tous accusés de mendicité, ne purent annoncer un quelconque savoir-faire ni prononcer la moindre prière. Ils furent abandonnés par le clergé au bras séculier :

Nous nous débarrasserons de cette vermine après les fêtes de la Saint Jean, dit le Prévôt. Sergent, remisez cela dans les caves. Vous les jetterez ensuite aux portes de la Grande Ville !

Les deux ribaudes parvinrent à exécuter d’acceptables signes de croix accompagnés d’incantations plus véhémentes qu’orthodoxes. Cela ne suffit pas, leur spécialité étant peu compatible avec l’harmonieux développement de l’abbaye de Thécelles. Elles furent prestement envoyées, elles aussi, au dépotoir.

Le joueur de syrinx s’obstinant à pratiquer un sabir peu convaincant fut vigoureusement invité à assurer sa rédemption sur les chantiers de Dom Martincus ; il y apprendrait un métier, une langue vivante et la joie d’être utile. On lui confisqua le syrinx ce qui lui permit de faire un ample signe de croix de la main droite.

L’affaire se gâta avec la naine eczémateuse qui fit perdre de sa dignité au tribunal de Dieu. Ses couinements stridents, son fumet qui eût découragé l’anosmique le plus confirmé, sa surprenante agilité dans le lancer de crachats peut-être venimeux, sûrement contagieux tout cela eut vite raison de la sérénité de l’Honorable et des deux Dom. Dom Evrard esquissa un geste d’exorcisme, le prévôt émit le cri du goret égorgé. On s’éventa et le sergent qui avait l’habitude des cours de justice comprit que, pour elle, c’était le bûcher.

Le jeune manchot prouva sa dextérité en faisant un triple signe de croix de la main gauche. Pour une semi-rédemption peut-être il fut admis à prêter main-forte aux ouvriers de Dom Martincus.

Yaïk eut moins de chance. Le sergent énonça, d’une traite, le chef d’accusation :

" Pratique suspecte de la phytothérapie ".

Tout l’après-midi il avait répété la phrase mais ses efforts étaient récompensés, il avait dit le mot sans se prendre les moustaches.

Bah ! dit Dom Martincus que la robustesse apparente de Yaïk portait à l’indulgence, il n’a sans doute fait de mal à personne !
Certes, Votre Révérence, mais il s’appelle Yaïk. C’est quand même un drôle de nom, dit le sergent qui s’appelait Narcence. Et puis, il vient d’on ne sait où. Et il ne me paraît pas bien chrétien, si vous me le permettez, vos seigneuries...
As-tu déjà guéri quelqu’un avec tes compositions ? demanda le prévôt.
Oui, beaucoup de gens, souvent.
Louche ! Louche ! Extrêmement suspect, décréta le prévôt.
Pouvez-vous nous faire le signe de croix ? demanda Dom Evrard Grandes Oreilles.
Je n’y tiens pas vraiment, père abbé.
Voilà une bien étrange réticence. Et pourquoi, s’il vous plaît ?
Parce que ce serait hypocrisie pure. Je n’ai pas été instruit de votre religion et n’en puis donc emprunter véritablement le langage.
Oh ! Le raisonneur ! Vous ne seriez pas juif, vous ?
On dit que je le suis.

Après un véhément conciliabule, Dom Martincus se rendit aux arguments des autres et il fut décidé que le surlendemain il y aurait deux bûchers, les esprits forts étant encore plus contagieux que les eczémateux.

Une expéditive absolution termina l’audience.



Informations Editeur

Crève-matin , roman de Claude Daubercies.

ISBN: 2-910834-12-3. 164 pages.  18,29 Euros environ

A commander chez votre libraire habituel ou aux Editions du Bon Albert, 48260 Nasbinals.

Expéditions par retour du courrier franco de port.

 

ou aussi

 

999, à l'aube de rien du tout , roman de Claude Daubercies.

ISBN: 2020612550, 208 pages - Format Poche. 6 Euros environ

A commander chez votre libraire habituel ou aux Editions du Seuil, collection Point-Virgule.





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