Je ne suis pas un tarnagas




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Je ne suis pas un Tarnagas    En occitan, Tarnagas est un oiseau stupide(*)

Quelques illustrations de Daniel Lefranc sont visibles ici !

Dans le rôle du corbeau   :  Claude Daubercies.
Dans le rôle de la plume  :  Daniel Lefranc.

"Claude Daubercies compose la géographie secrète de sa terre d'adoption, l'Ardèche des gens, bêtes et choses qui l'habitent. Si bien qu'on a l'impression qu'il exhume là ce qu'il y a d'éternel dans les siècles ardéchois, et d'abord des personnages architecturés à la diable, forts et calmes, souvent truculents, même dans leur silence. En fait ils sont de toujours et de jamais."

Pierre Vallier, journaliste, critique littéraire au Dauphiné Libéré.

La couleur : Marron (glacé).

Le ton : Native humor

 

L'histoire :     

   Un vieux corbeau londonien en retraite des services de Sa Majesté se retire en Ardèche tout en haut du sorbier qui donne son ombre au petit village. De son obervatoire ... il observe

1- Le village des oustaous.
2- Félicien le philosophe.
3- L’Abbé Ledéchausselat.
4- L’ébéniste des petits bonheurs.
5- Céleste le dompteur de sangliers.
6- L’incontournable Elisée.
7- La Furette.
8- L’homme qui achetait des femmes.
9- Les Demoiselles Chabrit.
10- Les Vieux.
11- Chasseurs et Sangliers.
12- L’estive.

Les personnages existent ou presque. Les mots sont mouchetés ou presque. Le regard est indulgent ou presque. La vérité est toute nue ou presque. La preuve ? Cinq ardéchois pur jus pur cru ont donné leur imprimatur en 4ième de couverture.
Daniel Lefranc, artiste peintre plasticien, dessinateur et entomologiste des insectes mécaniques a illustré ce florilège ardéchois de 12 portraits à la plume.

Extrait :

Chasseurs  et  sangliers

En ma qualité de corbeau, je n’aime pas beaucoup les chasseurs. Ils font du bruit dans la forêt et des trous dans la sauvagine, parfois même dans les cueilleurs de champignons. Cependant je crois pouvoir affirmer que les chasseurs ardéchois font moins de dégâts que les autres. Non, ce n’est pas parce qu’ils sont plus maladroits mais parce qu’ils sont plus gentils avec les animaux. Le chasseur ardéchois, sa femme surtout, aime les bêtes et, en premier lieu, les sangliers. Bien sûr, la femme du chasseur ardéchois, comme toutes les femmes de cœur, ne tue pas les sangliers. Elle le cuisine tendrement, en daubes ou en rôtis, sans plaindre, comme elle dit, le thym et le laurier. Il arrive, en effet, que son mari tue un sanglier, par inadvertance. Cela le rend si triste que, ce soir-là, il prolonge avec ses copains une sorte de veillée où il boit beaucoup pour oublier.

Je me méfie quand même un peu des chasseurs ardéchois dont le tir est parfois incertain. En réalité je ne crains pas grand-chose : les cartouches sont chères et ma vieille carcasse est immangeable, même bouillie dans la bombine[1].

On peut dire que les corbeaux sont coriaces. Nous avons le cœur, comme la peau, en cuir tanné. Pourtant je me suis souvent laissé attendrir par l’affection que les chasseurs ardéchois portent aux cochons sauvages. L’hiver, ils affrontent la burle pour apporter à leurs amis sangliers transis et affamés, le pain, le grain, et le roboratif cousinat. Pas mesquins, les chasseurs se réjouissent quand les sangliers des secteurs voisins viennent se régaler dans le restaurant du cœur de leurs protégés… On voit par là que la tendresse n’exclut jamais, elle rassemble. A la saison des cerises ou des pêches, c’est par seaux entiers qu’on leur apporte le dessert. Il paraît même que dans le restaurant d’Elisée, rendez-vous des chasseurs, les convives fumeurs offrent la cigarette au sanglier ; enfin, à la tête de sanglier accrochée au mur.

Avec sollicitude, le chasseur ardéchois assure à son copain sanglier un épanouissement sexuel harmonieux. Le vieux sanglier, trop peu agile pour lutiner la laie sauvageonne, se voit offrir un paisible harem de jeunes truies pour des amours confortables et discrètes. Et les petits cochongliers nés de ces étreintes productives viennent ensuite, reconnaissants, labourer les vignes et les jardins de leurs bienfaiteurs.

S’il arrive qu’un coup de fusil malencontreux frappe une laie promenant ses petits, c’est à qui se dévouera pour adopter les orphelins. Cet engouement pour les sangliers envahit même la vie privée du chasseur et modèle ses goûts esthétiques. Un jour le facteur du village m’a affirmé qu’il lui était presque impossible de vendre à un chasseur un calendrier de La Poste qui ne portât pas une photo ou une gravure représentant un sanglier. Les plus sentimentaux d’entre eux iraient jusqu’à orner le mur de leur chambre à coucher avec la tête d’une de leurs victimes affectionnées. Les vieux ardéchois disent que la chasse n’est plus ce qu’elle était et que l’amollissement des mœurs devient inquiétant.

Afin de limiter les risques d’accident et de permettre aux sangliers de prendre le large à temps, les chasseurs ardéchois, en une sorte de Convention de Genève cynégétique, ont décidé d’adopter une tenue et un matériel de combat aisément identifiables. Le sanglier un peu attentif aura tôt fait de repérer son ami chasseur. Ce dernier est intégralement fluorescent. Ensuite il est coiffé d’une sorte de casquette burlesque qui fait rire le sanglier et lui permet de s’éloigner dans la bonne humeur. Par précaution, le chasseur n’approche la zone de chasse qu’en bruyant équipage : un 4/4 texan et des chiens-sirènes munis, de surcroît, de cloches d’alarme.

L’organisation de la battue obéit aux mêmes lois de courtoisie, de prudence et d’amitié. D’abord, ne pas faire mal aux sangliers ! Pour cela, les tireurs les plus adroits sont affectés aux postes de rabatteurs. Trop occupés à sauter murettes et ravins, ils ne sont pas tentés d’user de leurs armes. Les plus maladroits sont postés en bordure de route où ils ne menacent guère que les automobilistes. On le voit bien, la pratique de la chasse aux sangliers relève presque de l’entreprise humanitaire. De plus, ce sain divertissement, n’a que des effets bénéfiques sur la vie familiale du chasseur. Pour les enfants, une journée de chasse c’est une journée sans baffes et, pour l’épouse, une journée sans avoir à subir cet intempestif harcèlement sexuel auquel s’adonnent volontiers les gens d’armes…

Mais, puisqu’ils font tout pour ne rien attraper, pourquoi les chasseurs ardéchois chassent-ils ? Nous, les bêtes, nous savons pourquoi nous chassons. Pour survivre. Mais eux ? A les observer et à les écouter, j’ai fini par les comprendre ! Ils ne chassent pas pour tuer du gibier, ils chassent pour jouir. En chassant, ils jouissent d’un droit que leurs ancêtres ont acquis de haute lutte. Il y eut un temps, pas si lointain, où le châtelain faisait mettre aux fers, quand il ne le trucidait pas sur place, le ‘’braconnier’’ qui capturait des bêtes pour survivre. Le chasseur chassant pose un acte républicain.

Ensuite, ici, le chasseur part à la chasse comme il part visiter sa famille. Sangliers et chasseurs ardéchois sont de la même race de mangeurs de châtaignes, de la même montagne bourrue où ils jouissent ensemble de la même liberté et reniflent ensemble les mêmes odeurs de la forêt. Le chasseur ne chasse pas le sanglier, ils font du sport ensemble. De bon cœur… En tous cas pour ce qui est du chasseur. Il chasse par esprit d’indépendance. S’il n’y avait pas de chasse légale, il n’y aurait pas de braconnage or, le rêve absolu de chaque ardéchois, c’est d’être braconnier. Voilà pourquoi, aujourd’hui, la chasse aux sangliers devient presque ennuyeuse, elle est en passe de devenir obligatoire !

Et puis, raisonnons un peu en corbeau sage et tolérant. Le chasseur ardéchois chasse, c’est un fait, mais il faut bien faire quelque chose de toute cette partie de la vie qui n’est pas employée à survivre. Chasser ne coûte pas plus cher que jouer au golf. Ça prend moins la tête que jouer aux échecs. C’est moins aléatoire que jouer au loto. En plus, après une partie de chasse, on peut rapporter quelque chose à la maison, ne fut-ce qu’un blaireau ou un chien… ! Peu de joueurs de bridge peuvent se vanter d’y avoir gagné un jambon !

Et s’il n’y avait plus de chasseurs en Ardèche, qui empêcherait les sangliers d’aller bouleverser les champs de cannabis ?

[1] Bombine : pommes de terre cuites à l’eau avec des feuilles de laurier.

Informations Editeur

Je ne suis pas un tarnagas est édité par les éditions du Chassel

Edition bilingue Francais-Anglais (ou l'inverse...)

ISBN 978-2-950991812 - 144 pages -18 €uros

IBIC-Diffusion, 25 rue Jean Jaurès

07600 VALS LES BAINS

Tel  : 04.75.88.92.55

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